Philosophie

Pensements autour de la modélisme

Cette article est apparu dans Train Miniature Magazine n° 62.

"Le modélisme, c’est dans votre tête…"

C’est ce que m’a dit un jour un détaillant, et j’ai depuis lors retenu ces mots chocs. Nous étions en train de discuter au sujet du choix des rails pour mon nouveau réseauà l’échelle H0, et plus spécifiquement de la hauteur des rails à adopter : code 100, 83, ou 75, etc. Le point de vue du détaillant en question était que le spectateur ‘lambda’ d’un réseau modèle ne remarquerait même pas cette différence de hauteur de profil! "Vous seul la remarquerez, ce qui implique que ce type de choix vous est personnel". D’où la conclusion de la discussion: "Le modélisme, c’est dans votre tête…"

Se passerait-il dès lors quelque chose d’étrange dans la tête des modélistes? Peut-être bien, peut-être pas. Beaucoup de modélistes veulent un réseau le plus réaliste possible, et poussent parfois fort loin: le ‘fine scale’ en est un bel exemple. Ce sont ces tendances poussées à l’extrême qui donnent naissance à de véritables chefs-d’oeuvre de réseaux modèles. Et grâce aux méthodes de production améliorées, les modèles proposés à la vente sont de nos jours de plus en plus réalistes. Le réalisme et le superdétaillage sont ainsi à la portée de plus en plus de modélistes. Une conséquence de ce fait est que l’époque de reproduction devient une donnée de plus en plus importante.
Chaque modéliste comprendra aisément qu’un ICE ne doit pas circuler en parallèle avec une locomotive à vapeur, mais quand une loco précise peinte dans telle livrée et portant tel matricule n’a circulé que jusque telle date et que telle autre loco sortie quelques mois à peine d’usine après cette date n’ait jamais pu la côtoyer de son‘vivant’, c’est logique d’un point de vue réalisme, et il faut aussi en tenir compte. La question est plutôt la suivante : qui peut mieux le savoir que nous-mêmes? Et quantité d’exemples semblables existent, dans le domaine des compositions de convois par exemple, ou du type de gare et de leurs facilités, du trafic routier sur le réseau, de la signalisation, des panneaux publicitaires, etc.

Le modélisme, c’est en effet dans la tête que cela se passe: c’est un fait incontournable. La question que nous devons nous poser, me semble-t-il, est de savoir si nous n’allons pas parfois trop loin dans le réalisme et que nous ne devrions pas apprendre à relativiser à temps. Mais à quel moment, précisément? Je suis personnellement d’avis que chacun devrait pouvoir le déterminer lui-même. Après tout, il s’agit de votre hobby personnel et vous le vivez dans votre tête. Supportez-vous l’idée qu’une loco du type ‘A’ voisine une loco du type ‘B’ ou que des voitures du type ‘X soient remorquées par une loco du type ‘Y’, malgré le fait que cela ne soit pas conforme à la réalité ? Tant mieux. Par contre, faites-vous des cauchemars, rien qu’à y penser ? C’est bien aussi, car cela signifie que vous vous êtes mis la barre assez haut. Donc: ni plus haut ni plus bas autrement. Et vous ne le faites que pour vous-même… et pour votre propre tête.
Car disons-le tout net: ce qui se passe dans notre tête est tout bonnement le résultat des restrictions auxquelles nous sommes confrontés, d’un point de vue financier, par exemple. Une loco en laiton et superbement détaillée se situe peut-être au-dessus de votre budget, alors même qu’elle conviendrait parfaitement sur votre réseau.
D’autres restrictions peuvent provenir de votre propre habileté, ou du temps par exemple dont vous disposez pour attendre le niveau de détaillage désiré. Chacun de nous doit finalement faire le point dans sa tête et lorsque le résultat est jugé satisfaisant concernant votre projet de réseau, vous êtes dans le bon, selon moi.

Au final, il faut que cela reste plaisant, et ce sentiment prend naissance dans votre propre tête…

©2008 Gerolf Peeters - mis à jour 01.10.2008 Regardez aussi: -