Fabrication maison d’aiguillages

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Les raisons pour lesquelles il faut opter à un moment donné pour la fabrication maison d’aiguillages peuvent être diverses:


Pour une meilleure compréhension de la terminologie du texte, nous allons d’abord expliquer brièvement le but et le fonctionnement d’un appareil de voie. Les numéros repris sur le schéma indiquent ses principaux composants: la tringle de commande (1) fait bouger les lames d’aiguillage (2) contre les contre-rails (3). A l’endroit où ces deux éléments se touchent, le rail est parfaitement droit. Le croisement entre les deux rails médians est assuré par la pointe de coeur (4), un contre-rail (5) maintenant une des roues de l’essieu sur le rail dévié. A certains endroits, le rail n’est maintenu au moyen de semelles de fixation (6) disposées que d’un seul côté.


Pour la construction de la partie mécanique de notre aiguillage, nous utilisons des traverses faites de matériel de circuit imprimé à quelques endroits stratégiques. D’une seule plaque, nous pouvons obtenir par découpe plusieurs traverses de 3 mm. Le matériau pour circuit imprimé est particulièrement dur. Utilisez donc de préférence une mini-perceuse avec des disques abrasifs bon marché, ou un disque diamanté, plus cher.



Pour notre exemple, nous constituerons un itinéraire qui sera composé de quatre aiguilles courbes. Le schéma de travail est imprimé sur quelques feuilles de papier. L’emplacement des traverses est repris sur le patron de travail: ceci s’opère facilement au moyen d’une traverse. Nous la collons avec un peu de papier adhésif sous la forme des rails. Vous pouvez ensuite retranscrire les extrémités des traverses sur le papier.


Pour mesurer avec précision la pointe de coeur, nous allons utiliser un truc géométrique. Nous plions d’abord un bout de rail sous la forme d’un angle obtus. Ne vous tracassez pas trop de la divergence de l’angle des rails au-delà, mais veillez à ce que l’angle soit correct et que la cassure dans le rail soit la plus franche possible.



Ce rail plié est fixé dans dans un serre-joint. Veillez à ce que la tête du rail dépasse de l’étau, tout en fixant son pied juste entre les deux mâchoires de l’étau. Nous éliminons la partie saillante du rail émergeant de l’étau par limage. Vous obtiendrez un rail presque complètement limé.


Après ce limage, le rail dans le coin opposé doit être doublement plié, afi n d’obtenir un angle obtus. Faites le de préférence sur le patron, de façon à ce que les pièces restent bien alignées en hauteur. Les angles pliés peuvent être ajustés avec une fine pince.



Dans le cas où vous auriez limé de manière trop enthousiaste, il est encore possible d’aligner les différents éléments les uns aux autres et de les souder. Lorsque la pointe est encore entière, elle se fixe d’elle-même. La pointe de coeur est alors fixée aux traverses. Ce faisant, la soudure de liaison de la pointe de coeur est renforcée.


Le soudage se réalise en deux étapes: après nettoyage des parties à souder, elles sont d’abord étamées à la pâte de soudure, ensuite la soudure proprement dite est réalisée avec un peu de soudure à la résine. Nous soudons simultanément une 2ème traverse derrière la pointe de coeur. De cette façon, l’ensemble est renforcé.



Les lames d’aiguillage peuvent maintenant être limées à bonne mesure. La façon de pratiquer est expliquée sur le schéma. Le rail est limé sur deux faces. La façon dont ces faces courent vers l’arrière dépend de l’angle de divergence de l’aiguillage. Prenez un bout de rail suffisamment long pour couvrir en une fois la distance entre la lame et la pointe de coeur. Avec la pointe de la lame disposée à l’endroit exact sur notre patron, nous pouvons marquer l’endroit où nous devrons réaliser une encoche. C’est à cet endroit que nous tirons un trait sur le patin du rail.


Ensuite, nous plions le rail à l’endroit désigné selon un angle dont la valeur peut être lue sur le patron. Réalisez ce pliage au moyen d’une solide pince et veillez à ce que le rail soit plié selon un véritable angle. Le limage plus conséquent du patin du rail facilitera ce petit travail. Mesurez ensuite la longueur de l’élément divergent et réalisez une seconde encoche à l’extrémité du rail, loin de la pointe de coeur. De cette façon, une roue d’essieu sera correctement dirigée.



Le soudage de ces éléments de rails à la pointe de coeur déjà soudée est un travail délicat. Le rail doit en effet être parfaitement aligné à celui de la pointe de coeur tant dans le plan horizontal que vertical, et les éléments doivent être disposés à distance correcte l’un de l’autre. L’alignement se réalisera de préférence au jugé, en regardant le long du rail avec… un seul oeil. Pour déterminer l’écartement correct une jauge NMRA ou Morop constituera le meilleur équipement. Après le travail de soudage, le résultat devra être examiné de façon critique.


La troisième traverse à la pointe de coeur peut maintenant être fixée. La seconde lame peut à son tour être limée, cintrée, raccourcie et placée. Comme pour son homologue, l’alignement de cette lame devra être parfait. Prenez le temps pour tout disposer avec précision et fixez l’un ou l’autre élément avec du papier adhésif avant de débuter le soudage des éléments. N’ayez pas peur de désolidariser l’un ou l’autre élément au fer à souder et de l’ajuster pour le disposer à un meilleur endroit.



Les lames disposent d’une encoche faite dans le contrerail correspondant, pour s’y ajuster parfaitement. Cette encoche est facile à limer: une face verticale qui ne touche pas la tête du rail. Il est important que cette tête ne soit pas endommagée, car cela pourrait occasionner un déraillement, lorsque l’aiguillage est parcouru dans l’autre direction.


Les deux rails extérieurs peuvent être fixés au moyen de deux traverses. Soudez-les uniquement au côté extérieur du rail, afin que les lames puissent bouger sans gêne contre leur contre-rail. Nous utiliserons des traverses avec une lacune dans le cuivre de 17 mm. Les rails extérieurs de l’aiguillage peuvent maintenant être soudés aux traverses.



Les contre-rails à hauteur de la pointe de coeur peuvent alors être placés: il s’agit des derniers éléments métalliques de notre aiguillage. Ils sont mis en forme au moyen d’une grosse pince, tandis que les têtes de rail sont quelque peu limées aux deux extrémités.


Ces contre-rails peuvent ensuite être limés aux traverses, en veillant à les maintenir à la bonne distance avec le rail adjacent. Une jauge est plus qu’utile pour vérifier cette bonne distance. L’aiguillage peut maintenant être testé au moyen d’un petit wagon.



Rien ne vous empêche d’équiper entièrement votre aiguillage de traverses en matériau pour circuit imprimé, mais des traverses en bois véritable sont évidemment plus jolies. Nous utilisons des bandes de bois de peuplier de 2 sur 3 mm de section. Découpez (ou sciez) ensuite à mesure, selon le patron. Ces bouts de bois sont ensuite disposés ensuite sur le patron, sous la partie soudée de l’aiguillage.


Sans déplacer les traverses, nous en retirons la partie ‘rails’ et nous enduisons la partie inférieure des rails avec de la colle contact. Après ce petit travail de collage, l’ensemble peut à nouveau être disposé à sa place. La liaison de colle est ensuite pressée au moyen de quelques solides poids. Laissez ensuite le tout coller suffisamment longtemps.



Après cette opération, notre aiguillage ressemble d’un coup à quelque chose de convenable. Des restes de colle peuvent maintenant être enlevés.


Il est temps de sortir les pinceaux. Des traverses en circuit imprimé nettoyées peuvent être peintes en brun foncé mat pour leur donner une teinte ‘bois’.



Les traverses en bois sont ensuite colorées chimiquement. En disposant un peu de laine d’acier dans un pot hermétique et en y ajoutant du vinaigre, on obtient une réaction chimique lente. Après quelques jours, vous obtiendrez comme résultat une solution d’acétate de fer, ce qui constitue un colorant intéressant pour du bois, par exemple. Ce produit peut être appliqué en différentes couches successives, au pinceau. Après séchage, l’acétate de fer ne laisse pas seulement une teinte foncée, mais aussi une impression de vieillissement très réussie sur le bois.


Les lames de l’aiguillage doivent pouvoir se mouvoir. Pour ce faire, nous avons besoin d’une charnière entre la lame et la tringle de commande. Nous partons de petits clous en laiton. Ensuite, nous scions la tige du clou tout juste au-dessus de la moitié, et ceci à la distance de l’épaisseur de notre circuit imprimé, à partir de la tête du rail. Ce travail de sciage doit être réalisé avec une scie pour hobbyiste. L’épaisseur de la découpe convient ici parfaitement pour notre ouvrage.



Le reste de notre clou est alors scié obliquement, pour obtenir des courts morceaux comme illustrés sur la photo. Un bout de plaque Pertinax est mesuré. Dessinons-y une ligne médiane et deux lignes parallèles, où nous forerons des trous pour les pines de charnières.


Cette tringle peut être soudée aux lames. Utilisez pour ce faire assez de liquide mouillant, mais certainement pas trop de soudure à la résine. Un surplus de soudure pourrait gêner le passage d’une roue. La plupart du temps, l’utilisation d’une lime s’avérera indispensable.



En partie inférieure, nous réalisons une rainure dans laquelle notre tringle pourra bouger librement. L’orifice pour la motorisation en sous-sol peut également être réalisé. Notre aiguillage peut maintenant être disposé à son emplacement définitif, au moyen d’un peu de colle.


Notre aiguillage peut être parachevé, car il lui manque encore les semelles de rails. Nous commençons avec un fin fil métallique rond de 0,5 mm d’épaisseur. En découpant ce fil ici et là, on obtient des petits crochets.



Une bande de styrène est pourvue tous les 2 mm d’un marquage. Aux endroits marqués, nous forons des trous de 0,5 mm, après quoi nous séparons la bande en petits carrés, au moyen d’un couteau. Il s’agira des semelles traversées par nos tirefonds.


Forons maintenant des trous dans les traverses, aux endroits où les semelles de rails doivent prendre place. Les tirefonds sont enfoncés à travers ces trous contre les rails. Une fine couche de peinture maintiendra nos tirefonds à leur place.



Une alternative pour nos semelles ‘faites maison’ est constituée par des bouts récupérés de travelage non utilisé. Il est facile de découper ces semelles au moyen d’un couteau aiguisé.


Grâce à une goutte de colle instantanée, ces semelles récupérées sont facilement disposées au bon endroit. Recouvert d’une petite couche de peinture noire, ce montage donne également très bien.


Après la pose du ballast et une patine éventuelle, notre aiguillage est désormais achevé. Il ne faut plus désormais installer que sa motorisation, en sous-sol.

©2008 Gerolf Peeters - mis à jour 21.06.2008 Regardez aussi: crocodile - dételeur - signaux - caténaires - rails